Cet arrêté interdit l’importation des véhicules d’occasion d’un certain âge. Le casus belli n’est pas l’arrêté lui-même, auquel tous sont prêts à se soumettre, mais bien son application. Pour les déclarants, cet arrêté n’a pas été vulgarisé, en amont comme en aval, d’où la mauvaise interprétation dont il est l’objet. Par amont, il faut entendre l’Europe, d’où viennent ces véhicules, et l’aval est, bien entendu, la RDC, pays de destination.
Ce qui a fait que les agences ont continué à recevoir des véhicules jusqu’au 26 décembre 2012, date à laquelle, dans l’esprit du gouvernement, l’arrêté entre immédiatement en vigueur. Or, lorsqu’une agence réceptionne un véhicule, elle ne l’envoie pas immédiatement. Elle doit, en effet, attendre que le stock des marchandises soit suffisant pour affréter un navire. En outre, le transbordement et toutes les autres opérations prennent beaucoup de temps. La mesure ne devrait-elle pas dispenser les véhicules qui ont été déposés au plus tard le 26 décembre 2012.
Les déclarants, qui affirment appuyer le gouvernement et travailler la main dans la main avec lui, demandent à celui-ci de s’en référer à la Fiche électronique de renseignement à l’importation, Feri, qui déterminera les véhicules qui ont été déposés avant et après le 26 décembre 2012, au lieu de les frapper tous indistinctement.
Pour faire entendre leurs revendications, les déclarants avaient donc résolu d’aller en grève. Mais après quelques pourparlers, toutes les parties ont convenu d’amorcer le dialogue afin de voir dans quelle mesure cette situation pouvait être débloquée. Alors, toute une série de réunions-marathons du Comité de pilotage, présidées par Madame le Maire de la ville de Boma, ont eu lieu dans la première capitale du Pays, le mercredi 3 et hier jeudi 4 avril.
Marie-Josée Niongo Nsuami, Maire de la ville de Boma “Inspection des travaux de réhabilitation de la route Boma-Moanda en juillet 2009.”
Les différents services habituellement associés à ce genre de rencontres, même ceux de sécurité, y ont pris part. En face d’eux, il y avait la Fédération des entreprises du Congo, FEC/Boma, l’Association des commissionnaires en douane, Acad/Boma et l’Union des déclarants en douane de Boma, UDDBO.
A l’issue de la dernière réunion, hier jeudi, un mémorandum a été rédigé par toutes ces structures et adressé au ministre national des Transports et voies de communication. Entre-temps, un bateau traîne au mouillage. Il transporte de nombreux véhicules qui ne peuvent pas être dédouanés car étant sous le coup de l’arrêté.
Le gouvernement doit traiter ce dossier avec beaucoup de minutie. Car ils sont nombreux, les gens qui se retrouvent dans ces affaires. L’importation des véhicules a créé un véritable réseau dans lequel se retrouvent plusieurs personnes. Si les familles bénéficiaires trouvent là une occasion de se lancer dans les affaires, les chauffeurs trouvent là de l’emploi (quoique toujours temporaire), et pour les déclarants en douane, c’est de l’oseille en permanence. Les services publics comme l’OCC et l’OCTP ont ainsi l’occasion d’assurer des rentrées à l’État.
Certains pays amis ont déjà pris des mesures drastiques face à ces importations. Ce qui est mis en cause, ce n’est pas le fait d’importer des véhicules, mais bien la qualité de ces produits qui, dans leur très grande majorité, sont mis à la consommation du public. Aucun gouvernement sérieux, en effet, ne peut exposer sa population à l’utilisation des véhicules que beaucoup n’hésitent pas à qualifier d’ « engins de mort ».
De source sûre, nous apprenons que certains ennemis du Premier ministre, ces affameurs du peuple, tentent d’instrumentaliser ces déclarants afin qu’ils endurcissent leur position, question de l’affaiblir. Ce qui est important, ici, c’est que les déclarants se déclarent solidaires du gouvernement qu’ils prennent pour leur partenaire.